L'amour du français, l'amour des mots, les mots d'amour.
Alphonse Allais écrivit ceci et on ne peut que rester admiratif devant cette maitrise d'un temps qui se meurt.
Oui dès l’instant que je vous vis
Beauté féroce, vous me plûtes
De l’amour qu’en vos yeux je pris
Sur-le-champ vous vous aperçûtes
Ah ! Fallait-il que vous me plussiez
Qu’ingénument je vous le dise
Qu’avec orgueil vous vous tussiez
Fallait-il que je vous aimasse
Que vous me désespérassiez
Et qu’enfin je m’opiniâtrasse
Et que je vous idolâtrasse
Pour que vous m’assassinassiez.
Mais l'Alphonse n'est pas le seul à manier cet instrument.
Voici une chanson, "L’amour au passé défini" :
(Paroles de Géo Koger, musique de Vincent Scotto et Gaston Gabaroch)
C’est sur la place de la Mad’leine
Que nous nous connûmes un beau soir
Vous aviez une allure hautaine
Et moi j’avais des souliers noirs.
Vous traversâtes,
Vous vous r’tournâtes,
M’examinâtes
Un soir, un soir...
Vous m’attendîtes,
Vous me sourîtes
Et vous blêmîtes
Un soir, un soir...
Comme je n’vous parlais pas, vous n’répondîtes rien
Mais l’aveu de mon cœur vous l’devinâtes bien
Et vous le crûtes
Lorsque vous sûtes
Car vous vous tûtes
Un soir, un soir...
Nous prîmes le porto en silence
Vous grignotâtes quelques anchois
Puis ensuite sans trop d’résistance
Vous m’accompagnâtes chez moi
Vous vous assîtes
Vous éteignîtes
Vous m’étreignîtes
Un soir, un soir...
Vous m’énervâtes,
Vous m’affolâtes,
Vous m’épatâtes
Un soir, un soir...
Vous frôlâtes mes lèvres en m’appelant mon rat
Vous fermâtes les yeux et soudain dans vos bras
Vous me reçûtes
Et puis vous m’eûtes
Tant que vous pûtes
Un soir, un soir...
Hélas les amours sont fragiles
Je le reconnais maintenant
Bientôt je rompis notre idylle
Et je vous trompai lâchement
Vous m’soupçonnâtes
Vous m’épiâtes
Vous me pistâtes
Un soir, un soir...
Puis vous surgîtes
Vous me surprîtes
Et vous m’haïtes
Un soir, un soir...
Vous me traitâtes à tort de menteuse et d’indigne
Et de votre gousset sortîtes un Browning
Vous vous visâtes
Vous vous ratâtes
Et vous caltâtes
Un soir, un soir...
Vous pouvez même l'écouter ici (nostalgie, nostalgie, 1956).